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Necronomicon est un ouvrage fictif inventé par l'écrivain américain H.P. Lovecraft, vraisemblablement à l'occasion de la rédaction de la nouvelle La cité sans nom, achevée en 1921. Bien que le texte en lui-même ne donne pas le nom de « Necronomicon », il présente en revanche pour la première fois l'auteur de fiction Abdul Al-Hazred, ainsi que les vers : N'est pas mort ce qui à jamais dort, Et au cours des siècles peut mourir même la Mort.
Un faux Necronomicon réalisé par un admirateur de Lovecraft.Histoire fictive L'histoire du Necronomicon, telle que présentée ici, est établie par Lovecraft lui-même, dans une lettre à Willis Connover, rédacteur d'un fanzine américain, datée de septembre 1936, publiée la même année par Rebel Press.
Selon les divers textes de Lovecraft évoquant l'ouvrage, le Necronomicon, originellement nommé Kitab al Azif (littéralement « Livre du musicien ») aurait été écrit vers 730 à Damas par le poète Abdul al-Hazred, souvent surnommé « l'Arabe dément » par l'auteur. En arabe, al azif fait référence au bruit que produisent les insectes la nuit, ce qui dans cette culture se rapporte aux cris des djinns. Le manuscrit original en arabe aurait disparu.
Théodore Philetas de Constantinople aurait par la suite traduit l'ouvrage en grec ancien vers 950, et c'est lui qui attribua à l'œuvre le titre par lequel elle est la plus connue : Necronomicon, « l'image de la loi des morts », du grec nekros « cadavre », nomos « loi » et eikon « image ». Le patriarche de Constantinople Michel Cérulaire fit brûler toutes les copies grecques en 1050 mais quelques exemplaires auraient échappé aux flammes.
En 1228, Olaus Wormius (« le Ver ») en rédigea une traduction en latin. Les versions grecque et latine furent interdites par le pape Grégoire IX en 1232. Wormius fût mis au bûcher par la Sainte Inquisition avec tous les exemplaires. Seules quelques copies auraient subsisté, notamment dans les Caves du Vatican. Une version en caractères gothiques apparut en Allemagne vers 1440, et le texte grec ressurgit en Italie au cours de la première moitié du XVIe siècle, suivi d'une traduction en espagnol vers 1600. Entre temps, en 1583, John Dee et Edward Kelley, deux occultistes britanniques qui travaillaient pour le compte de l'empereur Rodolphe II, (qui auparavant avaient déjà été employés par la reine Elisabeth I), se seraient procuré un exemplaire du livre. John Dee en publia une version anglaise, au préalable cryptée, en 1586.
Croyances et mythes populaires Cet ouvrage de fiction a inspiré un certain nombre de légendes.
Diverses rumeurs circulent qui en font un ouvrage réel, dont quelques rares exemplaires subsisteraient dans les Caves du Vatican, dans les réserves secrètes du British Museum, dans la bibliothèque de la Miskatonic University d'Arkham (université américaine fictive, inventée par Lovecraft, qui la situe dans le Massachusetts), à l'Université de Lima au Pérou, à la Bibliothèque Widener d'Harvard ou encore à la Bibliothèque nationale de France.
Plusieurs personnes supposées avoir lu le Necronomicon seraient en outre devenues folles ou auraient simplement disparu.
Le titre et le contenu supposé du Necronomicon auraient en fait été inspirés à Lovecraft par Sonia Greene, qui fut sa femme pendant deux ans lorsqu'il vivait à New York. Sonia Greene aurait elle-même obtenu des informations d'Aleister Crowley, célèbre occultiste qui vivait aussi à New York à la même époque.
Il existerait, ou aurait existé, un exemplaire du Necronomicon écrit avec du sang sur de la peau humaine. Cette légende est reprise dans plusieurs œuvres de fiction postérieures aux écrits de Lovecraft, comme entre autres le film Evil Dead 3 : L'Armée des Ténèbres, qui fait du Necronomicon et de ses pouvoirs l'élément central de l'intrigue.
Enfin, durant la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler se serait procuré un exemplaire.
Le Necronomicon dans l'œuvre de Lovecraft Le Necronomicon apparaît dans les textes suivants de Lovecraft, par ordre chronologique de rédaction :
La Cité sans nom (1921) - Première mention du fameux couplet : N'est pas mort...
Le Molosse (1922)
Le Festival (1923)
Le Descendant (1926)
L'Appel de Cthulhu (1926)
Histoire du Necronomicon (1927)
L'Affaire Charles Dexter Ward (1928)
L'Abomination de Dunwich (1928)
Celui qui chuchotait dans les ténèbres (1930)
Les Montagnes hallucinées (1931)
La Maison de la sorcière (1932)
Le Monstre sur le seuil (1933)
Dans l'abîme du temps (1934)
Après la parution de L'Appel de Cthulhu dans Weird Tales dans le numéro de février 1928 et l'apparition des premiers pastiches lovecraftiens, le grimoire est utilisé par les amis de Lovecraft et ses continuateurs, si bien qu'on le trouve aujourd'hui cité dans une centaine de textes.
Dans sa lettre du 14 août 1934 à W.F. Anger, Lovecraft confesse que ni le Necronomicon, ni Abdul al-Hazred, n'ont existé.
Abdul al-Hazred serait en fait un surnom que Lovecraft s'était attribué dans sa prime jeunesse. Il le reprit simplement plus tard pour l'attribuer à l'auteur du Nécronomicon.
D'après Christophe Thill, si l'origine étymologique grecque du Necronomicon ne tient pas la route, elle semble correcte pour l'origine arabe.
Lovecraft cite dans L'histoire du Necronomicon un auteur arabe du XIIe siècle, Ibn Khallikan, bien réel lui, auquel on attribue l'écriture du Dictionnaire biographique.
Le Necronomicon dans la culture populaire Le peintre suisse H.R. Giger a publié un recueil de peintures intitulé Necronomicon. C'est après avoir pris connaissance de cet ouvrage que Ridley Scott a contacté l'artiste et lui a confié le design original des décors et de la créature extra-terrestres de son film Alien - Le huitième passager.
En 1967, le réalisateur Jesus Franco a réalisé un film érotique intitulé Necronomicon.
Le jeu vidéo Alone in the Dark permet, à un moment, de lire le Necronomicon pour en apprendre davantage sur les évènements antérieurs à l'aventure (on peut y voir le couplet 'N'est pas mort...'). Mais cela tuera le héros s'il ne se tient pas à un endroit précis du niveau au moment de la lecture.
Le réalisateur américain Sam Raimi a fait de l'ouvrage intitulé Necrononicon Ex Mortis un élément central de sa trilogie Evil Dead, sortie entre 1981 et 1993. Une édition spéciale regroupant les trois films est disponible dans un coffret en forme de Necronomicon tel que l'on peut voir dans les films. Pour les besoins des films le dessinateur américain Tom Sullivan, qui a également signé des illustrations pour le jeu de rôle L'Appel de Cthulhu, a conçu un ouvrage dont les pages regorgent de dessins inspirés des comic books américains.
En 1994, les réalisateurs Christophe Gans, Shusuke Kaneko et Brian Yuzna ont réalisé un film composé de trois sketchs, intitulé Necronomicon. L'acteur américain Jeffrey Combs y tient le rôle de l'écrivain H.P. Lovecraft.
Le Necronomicon est le thème central du film américain Détective Philip Lovecraft (titre original : Cast a Deadly Spell), réalisé par Martin Campbell en 1991.
Un jeu vidéo sorti en 2000 porte le nom de Necronomicon.
Une « réédition » du Necronomicon en français est disponible chez Belfond, sortie en 1996 (ISBN 2714434436). Il s'agit en fait d'une compilation d'extraits tirés de l'œuvre de Lovecraft, agrémentés de dessins d'artistes et présentés comme authentiques, le tout visant à laisser croire à l'existence du livre. À cause de l'apparence de sérieux de l'ouvrage, certains lecteurs se sont laissé persuader de la véracité de cette théorie et considèrent cette édition comme une source fiable.
Necronomicon est le titre d'une chanson du groupe de Death metal Hypocrisy, tirée de l'album Osculum Obscenum.
Dans le RPG Tales of Symphonia, la quête des armes maudites s'achève sur une scène où l'adversaire utilise le Necronomicon pour se transformer en démon.
Il est possible d'équiper ses personnages du Necronomicon dans le RPG Golden Sun : L'Âge Perdu pour les faire changer de classe.
Un épisode du dessin animé Ghostbusters mettait en scène le Necronomicon. Il est volé par un avatar de Cthulhu dans la bibliothéque de New York.
Sur la pochette du Live After Death d'Iron Maiden, on peut lire sur la tombe de laquelle Eddie sort une citation du Necronomicon tirée d'une des nouvelles de Lovecraft.
Dans le jeu de rôle Donjons et dragons, le Draconomicon, un ouvrage entièrement consacré aux dragons, est inspiré par le Necronomicon pour son titre.
Dans l'univers de Warhammer existe un Liber Mortis, traité de nécromancie rédigé par Fredrick van Hal, sur la base des Neuf Livres de Nagash, et dont l'histoire et le parcours (rédigé en ancienne Nehekhara, plusieurs censures puis réapparitions, dernières copies mises au secret, etc.) sont très semblables à l'histoire romancée du Necronomicon.
Necronomicon est le titre du deuxième album de Nox Arcana, paru le 10 octobre 2004.
Stephen King a également cité ce livre dans une nouvelle, Celui qui garde le Ver, dans le recueil Danse Macabre
Le manga Demonbane est basé sur le Necronomicon, incarné en tant que grimoire humain.
En 2007, les éditions Kymera publient la bande-dessinée Necronomicon de Patrice Woolley, dans laquelle un homme est littéralement avalé par l'ouvrage et cherche à en sortir.
Source WikipediaQuelques photos de différents Necronomicon...