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| La mort du saint à travers la Légende dorée. | |
| | Auteur | Message |
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Admin Admin
Nombre de messages : 4793 Localisation : France Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: La mort du saint à travers la Légende dorée. Mar 9 Oct - 16:53 | |
| Bonsoir,
J'ai eu l'autorisation d'une amie de faculté pour nous reproduire son mémoire de maitrise traitant d'un sujet qui nous intérèsse. Médiéviste, elle s'est intéréssée à la mort des saints dans la Légende dorée, un corpus de vies de saints, très populaire au Moyen Age. Elle apporte un renouveau sur la lecture de ces textes anciens : quelle perçeption de la mort ? quel impact sur les représentations d'alors ? quelle influence ? Son sujet s'inscrit en ligne droite dans les nouvelles préoccupations véhiculées par la nouvelle Histoire, intéréssée par l'inerdisciplinarité et mettant l'accent sur les aspects sociaux.
Petite présentation de l'auteur :
WADEL Marie – Laure ( 1984 ) étudie actuellement à la faculté de Toulouse Le mirail. Après sa maitrise à la faculté de strasbourg, sous la direction de M. Jean-Michel MEHL de l'université Marc BLOCH – STRASBOURG II et est actuellement en préparation du CAPES.
Pour toute reproduction complète et diffusion, merci de m'adresser une demande que je lui transmettrai.
Dernière édition par le Mar 9 Oct - 16:56, édité 1 fois | |
| | | Admin Admin
Nombre de messages : 4793 Localisation : France Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: La mort du saint à travers la Légende dorée. Mar 9 Oct - 16:55 | |
| La mort du saint à travers la Légende dorée,
de la lapidation à l’assassinat. Martyre de saint Laurent, enluminure de la Legenda aurea de Jacques de Voragine, XVème siècle, Paris. « Les vies de saints doivent servir aux hommes de règle de conduite » Lettre de Vital d’Auch à l’archevêque de Toulouse, av.1170. | |
| | | Admin Admin
Nombre de messages : 4793 Localisation : France Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: La mort du saint à travers la Légende dorée. Mar 9 Oct - 17:01 | |
| INTRODUCTION Travailler sur un sujet d’histoire sociale est, depuis une trentaine d’années, devenu une mode au sein de la communauté des historiens. Qu’il s’agisse d’étudier des faits de la vie quotidienne comme les façons de boire, de manger et de se vêtir au sein d’une catégorie de personnes précise ou bien d’étudier la perception, la représentation d’un sentiment, tout cela fait partie de nouveaux axes de questions a appliquer à tout un corpus de sources plus ou moins bien connu, certes, mais pas plus étendu. En effet, il s’agit d’utiliser de nouvelles façons d’interroger un texte déjà connu afin d’essayer d’en tirer de nouvelles informations. C’est ainsi, que voulant travailler sur un sujet d’histoire religieuse du Moyen Age je me suis penchée sur une source très connue de la communauté des médiévistes mais également de la société en général puisque furent recensés à ce jour plus de mille manuscrits de la Legenda aurea conservés dans des langues diverses. Cette pléthore de manuscrits témoigne d’un vif et séculaire succès de cet ouvrage puisque c’est un livre qui a été retrouvé dans de nombreux inventaires de foyers plus ou moins aisés ou humbles. Cette Legenda Aurea, la Légende dorée, n’est pas à prendre dans son acceptation la plus courante puisqu’il faut prendre le mot légende dans son sens littéraire et primitif c’est-à-dire « ce qu’il faut lire, avoir lu ». D’abord nommée Legenda Sanctorum (ce qui doit être lu des saints), celle qui devint par la suite la Legenda Aurea fut donc, avec la Bible, le texte le plus lu, écouté, paraphrasé, raconté et cité au Moyen Age ; succès conforté par le millier de manuscrits latins compilés avant la fin du XVème siècle, les centaines de manuscrits de traduction en italien, français, provençal, catalan, allemand, hollandais, anglais, islandais et les innombrables éditions imprimés dans toute l’Europe après 1470. Toutes les bibliothèques du monde en possèdent des manuscrits, dont quelques-uns comptent parmi les chefs-d’œuvre de la calligraphie et de l’enluminure. Jacques de Voragine se place dans la lignée de Jean de Mailly et de Barthélemy de Trente qui ont rédigé le même type d’ouvrage mais de façon plus condensée. Afin de mener à bien cette compilation, Jacques de Voragine a puisé dans des sources les plus authentiques tout en écartant les légendes des saints locaux; son ouvrage se voulant comme universel. Ainsi, il puise dans des évangiles apocryphes de Nicodème, le Speculum Majus de Vincent de Beauvais, les textes de Grégoire de Tours, de saint Augustin, de saint Jérôme, de Cassien et de bien d’autres pour réaliser cette compilation d’histoires consacrées au début de la chrétienté. Jacques de Voragine n’est pas un hagiographe tels que ceux qui peuvent être rencontrés sous les Carolingiens, loin de là, il se pose en tant que compilateur et encyclopédiste. En effet, il recherche les sources les plus authentiques et les plus édifiantes, la meilleure façon de représenter cette population de saints qui assure la médiation entre le ciel et la terre. C’est pourquoi la Légende dorée peut également être considérée comme une encyclopédie de la religion chrétienne à une époque où la culture chrétienne est à son zénith. En effet, outre les vies de saints, environ 40% de la Légende dorée est consacré aux explications des fêtes religieuses principales qui renvoient à la vie du Christ. L’ensemble des vies de saints et des explications des fêtes religieuses est présenté dans l’ordre du calendrier, à partir de l’Avent, cet assemblage per circulum anni étant novateur. L’abrégé d’histoire de l’Europe que Jacques de Voragine donne, commençant au VIème siècle avec l’arrivée des Lombards, lui valut également le nom d’Histoire Lombarde. Haute en couleurs, largement destinée et utilisée par les prédicateurs, la Légende dorée est conçue comme un instrument de travail, servant à la préparation des sermons et fournit une collection de modèles de vies exemplaires destinés à émailler les prédications. Célèbre depuis plus de sept siècles pour avoir rédigé cet ouvrage, Jacques de Voragine est né à Varazze, sur la Riviera ligure vers 1228 et est entré dans l’ordre des Prêcheurs à Gênes en 1244. Il a mené une existence centrée sur l’Italie du Nord où il fut sous-prieur du couvent de Gênes en 1258 et deux fois prieur de la province de Lombardie (1267-1277 et 1281-1286) tout en étant, de 1283 à 1284 le responsable intérimaire de son ordre et, finalement, sur l’initiative de Nicolas IV, archevêque de Gênes de 1292 à sa mort en 1298. La continuation officielle de la chronique de Gênes qu’il écrivit alors atteste le désir de concourir à l’exaltation civique de sa cité et c’est dans ce sens qu’en 1295 eut lieu la réconciliation solennelle entre les deux factions de Gênes qui se déchiraient depuis des années à savoir les Rampini (Guelfes, partisans du pape) et les Maserati (Gibelins, partisans de l’empereur). Il est parcouru également d’une volonté de produire une œuvre d’édification et telle est l’orientation dominante de son activité intellectuelle puisqu’il veut fournir aux frères Prêcheurs de son temps les instruments de travail requis pour leur action pastorale. Trois séries de sermons modèles sont ainsi écrits de 1265 à 1285, un dictionnaire d’images pour parler de la Vierge, le Mariale en 1292 et surtout la Legenda aurea produite avant 1267 et remise sur le métier jusqu’à la fin de sa vie puisqu’il ne cesse d’en remanier le texte selon les besoins des frères de son ordre, voués à la prédication. Cette compilation remarquable de vies de saints leur fournit ainsi des récits exemplaires et autres matériaux pour nourrir leurs sermons. En effet, l’enseignement par la parole auquel les prédicateurs s’adonnent ne s’improvise pas. Il suppose un apprentissage et un recours à des instruments de travail efficaces. Ces outils, utilisés conjointement, aident le prédicateur et ainsi ils gagnent la masse populaire. Par les sermons, et donc par la parole de Dieu, les dominicains livrent au peuple tout un enseignement spirituel et culturel. En composant ce volumineux recueil, Jacques de Voragine avait donc l’intention d’offrir au peuple chrétien une « histoire » qui soit la somme de toutes les connaissances qui s’étaient accumulées au cours des siècles sur les vies de saints. Cette méthode de compilation n’est en soi pas une nouveauté propre à cet archevêque de Gênes mais fait bien partie de ce mouvement scolastique qui touche l’Europe du XIIIème siècle, ce renouveau intellectuel basé sur la volonté de rassembler et de compiler l’ensemble des savoirs accumulés. Le XIIIème siècle n’est pas seulement riche de nouveautés intellectuelles mais est aussi un siècle marqué par un contexte politique et religieux important. Siècle des ordres Mendiants et de saint Louis, le XIIIème siècle est un siècle d’évangélisme. Évangélisme contre les mouvements contestataires et hérétiques qui fleurissent à cette époque et qui accusent l’Église de dissimuler le contenu authentique de l’Écriture Sainte et évangélisation des masses populaires. Vaudois, Cathares ou Parfaits, tous protestent contre l’utilisation des Évangiles par l’Église et veulent les mettre à la disposition des fidèles en les traduisant en langue vulgaire. L’Église doit faire face et lutter contre les dissidences qui naissent en son sein ; et en ce début du XIIIème siècle il lui faut trouver une formule qui permette à chaque chrétien de vivre conformément à l’Évangile. Instruire pour éviter les déviances, tel fut donc le programme de l’Église dans une période où la lutte contre l’hérésie passe au premier plan des préoccupations des autorités civiles et religieuses. Cette nouvelle prédication, fait des nouveaux et jeunes ordres Mendiants, commence dans le Sud du royaume de France. Leurs discours montrent la prise de conscience de la nécessité de répandre le message de l’Église et leurs prédications s’exercent non seulement en latin pour un public de clercs mais aussi en langue vulgaire pour les laïcs et c’est là que se situe la réelle nouveauté. En effet, l’un des traits nouveaux de cette prédication qui bouleverse tant les mœurs et coutumes de l’Église est la recherche consciente d’une adaptation à l’auditoire. Un discours plus savant pour les clercs et plus moral pour les laïcs; mais pour s’adresser à ces derniers il faut savoir user du geste, de la voix et du choix des mots. Les prédicateurs du XIIIème siècle l’expriment dans des conseils qu’ils donnent. Il faut aussi pouvoir retenir leur attention par le sens d’une anecdote pourvue de sens, donc convaincante, c’est le rôle de l’exemplum. Lancée par les moines cisterciens vers 1220, reprise avec les ordres Mendiants, la technique de l’exemplum use soit du principe de la similitude pour en tirer une règle de comportement pour l’espèce humaine soit du principe de généralisation dans lequel un personnage, souvent soumis à la tentation, réagit bien et est récompensé ou inversement. A la différence des orateurs antiques, les prédicateurs du XIIIème siècle utilisent l’exemplum plutôt à la fin de leur homélie, quand l’attention se fatigue. La rupture de ton, l’introduction du témoignage direct ou indirect du prédicateur, le caractère concret de l’historiette raniment l’intérêt du public. L’exemplum est à la fois, selon l’expression de Jean-Claude Schmitt, « miroir de la culture du peuple et instrument de vulgarisation de la culture de l’Église ». Et c’est là que se situe l’essentiel de cette dynamique culturelle introduite par la prédication. Elle est un discours d’autorité, un discours de conviction mais elle est aussi véhicule d’un savoir et d’une logique. De nombreux travaux ont été faits sur cette source, travaux qui interrogent d’une manière nouvelle ce texte si célèbre. En effet, ont pu être recensés des travaux faits sur l’étude de la place de l’animal dans la Légende dorée; de la représentation du corps toujours dans la Légende dorée et de l’image du juif. Certes, la plupart de ces travaux sont le fruit de travaux d’ethnologues et non d’historiens, mais cela ne saurait être une entrave à ces recherches. Jusqu’à présent, aucune publication concernant la mort du saint au sein de la Légende dorée n’a été trouvée et c’est en cela que réside l’intérêt de ce sujet puisque permettant peut-être de dégager de nouvelles informations. En effet, cette source n’est pas simplement une vaste encyclopédie mais est aussi un témoin et un révélateur de la mentalité, des mœurs et des coutumes du XIIIème siècle puisqu’à travers la place accordée à la mort, les descriptions et les choix des morts décrites, des informations peuvent être dégagées et permettre de comprendre un peu plus la perception de la mort qu’avaient les contemporains de Jacques de Voragine. Cette œuvre produite par un membre des dominicains est un objet d’étude extrêmement précieux en tant que miroir, non seulement de la vie religieuse mais aussi des aspects de la vie socio-communautaire La mort, qu’elle soit considérée comme la fin de la vie terrestre et commencement de la vie céleste; passage vers un monde meilleur ou aboutissement d’une vie, sa conception et sa perception ont varié dans le temps et selon les religions. Nul ne peut y échapper. Suscitant peur et angoisse chez certains ou hâte et joie pour d’autres, depuis des siècles les religions les plus diverses ont cherché à se l’approprier et à la contrôler afin de contrôler par là le monde des vivants. Cela, l’Église catholique l’a compris dès la période des Carolingiens et s’est fait forte, peu à peu, d’exercer un contrôle sur les derniers moments du mourant puis sur les funérailles et la tombe. La mort se rencontre très souvent dans la littérature médiévale, elle semble faire partie intégrante de la vie de l’homme du Moyen Age qui ne cesse de la décrire, sur parchemin et dans la pierre, afin peut être d’exorciser cette peur de la mort. Pourtant il semble que la peur de la mort est beaucoup moins forte que la peur de ce qui va arriver après le trépas. En effet, dans un contexte d’épidémies, de famines et de guerres incessantes, la mort fait partie du lot quotidien des populations et est côtoyée tous les jours. La peur se situe dans la façon de mourir, cette « mort subite » qui suscitait bien des angoisses et dont de nombreux saints se faisaient les protecteurs. C’est dans ce sens qu’il faut interroger ce texte afin de voir s’il est révélateur des mentalités de l’époque quant à la mort ou bien s’il offre un modèle de la mort pour les fidèles, à moins qu’il ne s’agisse d’effrayer les fidèles par les nombreux martyrs présents. La façon dont est décrite la mort, les saints cités et ceux délaissés, sont tout autant des témoins de la façon de penser de Jacques de Voragine. Apparaît-il en rupture et en marge de son siècle ou bien est-il un précurseur dans sa manière de concevoir la mort ? Donne-t-il, à travers la Légende dorée, sa vision de la mort ; comment est-elle décrite ; quels détails donne-t-il ; comment se place-t-il par rapport à ses sources ? Comment est présentée la mort d’un saint martyr lointain par rapport à celle d’un saint contemporain de l’auteur ; quelles différences peuvent être constatées et en quoi sont elles révélatrices ou non de la conception de la mort pour la masse des fidèles ?Y a-t-il des évolutions dans la façon de concevoir la mort et la sainteté ; comment se présente un modèle de bonne mort s’il y en a ? Bref, de nombreuses questions se posent dès lors que la lecture du texte débute. D’autres viennent se greffer sur les premières et c’est ainsi qu’il faut se demander si ce texte se pose en manuel d’apprentissage de la « bonne mort » ; comment la mort des saints est-elle utilisée pour éclairer l’historien sur la mort des simples fidèles, pour répondre aux questions des fidèles voire les rassurer ? Est-ce que le clergé tente-t-il, à travers la Légende dorée, de poser des principes de la mort ? D’ailleurs, ces derniers vont-ils dans le même sens que le monde populaire ? Enfin, comment la mort du saint est-elle utilisée par les artistes qui ont entreprit, au XIIIème siècle de construire ce qui fut appelé la « Bible de pierre » ? C’est afin de tenter de répondre à ces multiples questions qu’il faudra, dans un premier temps, étudier la place de la mort du saint au sein de la Légende dorée ainsi que les définitions précises des termes du sujet que sont la « mort » et la « sainteté » en passant par l’étude de la mort des deux fondateurs des ordres Mendiants. Au sein d’une deuxième partie, le sujet sera plus axé sur la comparaison de la façon de décrire la mort chez Jacques de Voragine avec celle de Jean de Mailly, son prédécesseur, et cela à travers l’exemple de la mort de certains saints en particulier Thomas Becket qui sera comparé chez trois auteurs différents. Enfin, dans une troisième et dernière partie, il sera davantage question de l’impact de la Légende dorée dans le monde de l’art, en particulier l’iconographie et les statues puisque l’ouvrage de l’archevêque de Gênes est considéré comme le réservoir d’inspiration des artistes du Moyen Age. | |
| | | Admin Admin
Nombre de messages : 4793 Localisation : France Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: La mort du saint à travers la Légende dorée. Mar 9 Oct - 17:08 | |
| Table des matières : Introduction …………………………………………………………………………………..1 I. Vivre pour mourir ou la mort du saint dans la Légende dorée …………..7 1) La mort du saint, caractéristique première de sainteté………………………7 a. devenir saint…………………………………………………………….....7 b. les saints, des morts pas comme les autres………………………………9 c. le saint, modèle d’une mort chrétienne……………………………..……12 2) Mort commune et mort sainte : l’impact de la mort sur les esprits………..17 a. saints imitables et saints intercesseurs………………………………….17 b. la mort sainte chez Jacques de Voragine………………………….….…21 c. l’impact de la mort sainte sur la mort commune………………………....25 3) Une mort spécifique : les fondateurs des Ordres Mendiants………………28 a. description de la mort commune……………………………………....…28 b. description de la mort de saint François d’Assise……………………….30 c. description de la mort de saint Dominique………………………………35 II. Une vision de la mort du saint spécifique à Jacques de Voragine ?…40 1) La mort du saint chez Jean de Mailly…………………………….…………..40 a. Jean de Mailly……………………………………………………….…....40 b. Agnès, Cécile et Christine, trois saintes appréciées par les fidèles……...42 c. Saint Christophe, protecteur contre la mort subite…………………….…51 2) La mort de saint Thomas Becket selon trois points de vue………………..55 a. présentation et intérêt de la question………………………………….....55 b. présentation des auteurs de la confrontation…………………………….57 c. l’assassinat de Thomas Becket chez Guernes de Pont-Sainte-Maxence.59 d. l’assassinat de Thomas Becket chez Jean de Mailly………………….…65 e. l’assassinat de Thomas Becket chez Jacques de Voragine……………..69 3) La mort par le glaive, un classique ?…………………………………………73 a. intérêt de la question……………………………………………………..73 b. la mort du saint, élément essentiel aux yeux de l’hagiographe……….…73 c. la théorie de Baudouin de Gaiffier………………………………………..75 d. une exception : saint Vincent………………………………………….…76 III. Du protomartyr au dernier martyr : 1000 ans de séparation…………...79 1) De la Légende dorée à la « Légende de pierre »……….………………..…79 a. la Légende dorée inspiratrice des artistes…………………………….....79 b. la mort du saint dans l’art médiéval : l’exemple de sainte Lucie………...80 c. saint André, crucifié sur une croix en X……………………………….….84 2) Les martyrs Etienne, Sébastien et Laurent……………………………….…90 a. description du martyre de saint Etienne, protomartyr…………………...90 b. le martyre de saint Laurent utilisé dans les exempla et l’art ……………97 3) 1000 ans après : Pierre Martyr et Elisabeth de Hongrie…………..……...105 a. description du martyre de Pierre de Vérone………………………..…..105 b. description de la mort d’Elisabeth de Hongrie……………………….....112 Conclusion……………………………………………………………….………...119 IV. Sources …………………………………………………………………………….122 V. Bibliographie………………………………………………………………………..123 VI. Annexes………………………………………………………………………..…....129 Table des matières …………………………………………………………………….…131 ------------------------------------------------------------------------------------- NB : Ne pouvant afficher le texte entier ici à cause de son extrême consistance, je vous reproduis l'introduction, la conclusion et la table des matières pour avoir un aperçu suffisant de l'oeuvre. Je mettrait les 2 fichiers du corps de la maitrise en téléchargement. Je trouverai une solution car il y en a pour 40 Mo avec les illustrations !
Dernière édition par le Mar 9 Oct - 17:13, édité 1 fois | |
| | | Admin Admin
Nombre de messages : 4793 Localisation : France Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: La mort du saint à travers la Légende dorée. Mar 9 Oct - 17:10 | |
| CONCLUSION Arrivés au terme de cet essai d’étude sur la mort du saint dans la Légende dorée, étude qui s’est donnée pour but d’envisager le problème sous le plus grand nombre d’aspects possibles, plusieurs conclusions peuvent se dégager. Tout d’abord, il faut bien garder à l’esprit le fait que si cette œuvre a connu un tel succès et ceci, a travers les siècles, c’est parce qu’elle correspondait aux attentes populaires et à la conception de la vie et des mœurs de la masse des fidèles. De ce fait il est donc évident que cet ouvrage répondait aux questions des fidèles et correspondait au goût public ; les exempla étant un fond de documentation sur les mœurs très important puisque traduisant les réalités quotidiennes du peuple. Les sources hagiographiques éclairent, en effet, la plupart des aspects du passé médiéval. De ce fait, les mentalités peuvent se définir, dans une certaine mesure, à partir de la production littéraire de l’époque mais aussi à partir des œuvres qui étaient les plus répandues. Etudier la mort générale des contemporains à travers la mort modèle des saints présentée comme parfaite dans la Légende dorée, ouvrage qui eut un immense succès, est donc possible puisque ce succès traduit une acception majeure de la part de la masse des fidèles puisque montrant que les conceptions de la mort pour Jacques de Voragine étaient communément admises. Toutefois, à un moment où la mentalité populaire pousse à chercher de nouveaux modèles de la foi, plus proches des fidèles et dont les mérites réalisés lors du vivant du saint sont plus aisés à imiter, Jacques de Voragine apparaît en rupture avec son époque. Traditionaliste convaincu, il va à l’encontre des mentalités de son époque en donnant la priorité, dans son ouvrage, aux saint lointains, dans le temps et l’espace. Il cherche à remonter, à revenir à des vertus plus anciennes et affirme par là ses conceptions de la sainteté et de la mort. Pourtant, bien que rompant avec le goût du jour, cet ouvrage eut un succès fulgurant et durable qui ne s’est pas démenti par la suite, témoignant ainsi d’un bon accueil chez les fidèles, ce fait prouvant que les mentalités populaires étaient encore bien attachées aux croyances et traditions anciennes, ces faits étant ancrés dans leurs mœurs. Cependant, seule la mort des cinq saints contemporains de Jacques de Voragine peut renseigner l’historien sur ce qu’était la « bonne mort » au XIIIème siècle. En effet, Dominique, François et Elisabeth sont l’incarnation de la bonne mort, modèles à suivre tandis que Pierre de Vérone et Thomas Becket incarnent les nouveaux martyrs de la foi en étant assassinés, nouvelle façon de recevoir la palme du martyre. De saint Etienne qui fut lapidé à Pierre Martyr qui fut assassiné, en passant par le gril de Laurent et la mort naturelle de Nicolas et Elisabeth, tous les schémas de la mort sont représentés dans l’ouvrage de Jacques de Voragine en n’omettant pas de préciser que la voie royale d’accès à la sainteté est, aux yeux de ce dernier, le martyre. En mille ans environ, la conception du martyre a pourtant bien changée et ce n’est plus la mort qui confère obligatoirement la sainteté, les vertus de la vie passée étant prises en compte également. La sainteté, plus que toute autre chose, s’est adaptée pour répondre aux besoins d’une Eglise qui après s’être imposée devait consolider sa place parmi divers courants divergents. En effet, au cours du XIIIème siècle, les nouvelles perspectives pastorales influencèrent la façon d’écrire les Vies de saints. Les accusations lancées contre l’Eglise par les hérétiques, qui opposaient la moralité irréprochable de leurs Parfaits à la corruption du clergé catholique suscitèrent chez certains auteurs le désir de présenter aux fidèles des figures exemplaires plus proches d’eux dans le temps que les saints des premiers siècles : saint Thomas Becket, l’archevêque de Cantorbéry, assassiné dans sa cathédrale en 1170, saint François d’Assise et saint Dominique, les fondateurs des ordres Mendiants ou sainte Elisabeth de Hongrie qui se voua au service des pauvres et qui les soigna elle-même dans l’hôpital qu’elle avait fondé après son veuvage. S’appuyant sur des exempla empruntés à leurs légendes, les prédicateurs répandirent l’idée que c’était dans la vie, et non dans les miracles des saints, que résidaient leur vraie grandeur, ou, plus exactement, que les pouvoirs extraordinaires dont ils jouissaient après leur mort constituaient la récompense et la contrepartie de leur fidèle imitation du Christ humble, pauvre et souffrant. L’accent mis sur le rôle des saints comme modèles eut d’importantes répercussions sur l’hagiographie. Ainsi des religieux dominicains comme Jean de Mailly et Barthélemy de Trente composèrent, après 1240, des légendiers abrégés qui visaient à mettre à la disposition du clergé, et surtout des « simples prêtres », des textes hagiographiques généralement peu accessibles, puisque seules les abbayes et les cathédrales possédaient des légendiers complets à usage liturgique. Mais la principale réussite dans ce domaine, est constituée par la Légende dorée du dominicain italien Jacques de Voragine, composée vers 1260. Cette compilation, dont il subsiste encore aujourd’hui plus de mille manuscrits latins et qui fut traduite au XIVème siècle dans toutes les langues vernaculaires de la chrétienté, devait connaître un extraordinaire succès jusqu’à l’époque moderne. Les textes qu’elle véhiculait inspirèrent les artistes dans leurs représentations des principaux épisodes de la vie des saints ainsi que de leurs miracles et cela, en utilisant bien souvent les attributs de la mort du saint pour le faire reconnaître par la majorité des fidèles. La nouvelle hagiographie n’excluait nullement le recours au merveilleux, mais en bon pédagogue et connaisseur de la mentalité des laïcs, Jacques de Voragine privilégia dans l’existence de ses héros les récits exemplaires et les aspects biographiques les plus aptes à frapper les imaginations. Le succès fut remarquable et la Légende dorée devint au XIVème siècle le livre de chevet des dévots. Il convient, enfin, de nuancer les propos énoncés. Jacques de Voragine, dans son œuvre, a pour but de rompre avec les conceptions de la mort moderne et de revenir aux anciennes traditions qui plaçaient le martyre comme voie suprême et obligatoire d’accès à la sainteté. C’est dans ce sens, que plus des trois-quart des chapitres sont consacrés à des saints antiques et lointains. Suite à cette constatation, il est évident que Jacques répondit au goût publique et que ce dernier étant encore attaché aux anciennes conceptions de la mort pour un saint. En effet, un saint mort par martyre était plus crédible et plus apte à protéger les personnes puisque ayant, à travers les siècles, fait ses preuves. Un saint contemporain ne pouvait donc avoir ce même pouvoir et cela même s’il est présenté comme un nouveau martyr de la foi à l’instar de Pierre de Vérone. Toutefois, l’Eglise avait grand besoin de nouvelles figures de sainteté à cette période de crise qui remettait en cause son hégémonie et se mit donc en quête de nouvelles figures, qui deviendraient saintes non pas par leur mort mais par les mérites de la vie passée. Par ces derniers modèles, Jacques de Voragine donne ainsi un aperçu de cette nouvelle conception de la mort, cette « bonne mort », connue à l’avance, préparée et surtout entourée. Deux conceptions différentes de la mort cohabitent donc au sein de la Légende dorée, une traditionnelle, lointaine et en rupture avec les temps présents et une plus réelle mais pas totalement encore entrée dans les mœurs même si la plupart des fidèles meurt de cette façon. Comparant ces récits hagiographiques à d’autres écrits, moins religieux mais tout autant instructifs tels que Guillaume le Maréchal de Georges Duby, ces théories qui avaient été ébauchées à partir de la Légende dorée peuvent être validées puisque d’autres témoins de ce siècle ont fait la même description de la mort que l’archevêque de Gênes. . | |
| | | Admin Admin
Nombre de messages : 4793 Localisation : France Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: La mort du saint à travers la Légende dorée. Mar 9 Oct - 17:43 | |
| Interro écrite à la fin du mois.
Dernière édition par le Mar 9 Oct - 19:18, édité 1 fois | |
| | | pscy Thanatopracteur
Nombre de messages : 3291 Age : 50 Localisation : Namur - Belgique Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Re: La mort du saint à travers la Légende dorée. Mar 9 Oct - 17:45 | |
| J'ai malheureusement dû survoler ce dossier car je viens de rentrer et j'ai encore beaucoup (trop) de choses à faire. Mais c'est génial !!! je ne manquerai pas de revenir ici très bientôt. Super travail | |
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| | | | La mort du saint à travers la Légende dorée. | |
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