pscy Thanatopracteur
Nombre de messages : 3291 Age : 50 Localisation : Namur - Belgique Date d'inscription : 15/04/2007
| Sujet: Les Mystères de Madagascar Dim 27 Jan - 19:19 | |
| Les Mystères de Madagascar Pour les Malgaches, la mort est aussi importante que la vie. Ils pratiquent avec ferveur le culte des morts en bâtissant et en entretenant des monuments funéraires somptueux. Ils espèrent ainsi en être récompensés en attirant la bénédiction de leurs aïeux qui leur donnera bonne santé, fertilité et richesse, avant d'accéder eux-mêmes, un jour, au glorieux statut d'ancêtre immortel. C'est à partir de là que l'on peut "revenir" conseiller les vivants par la voie des médiums ou celle des rêves et aussi leur "demander" de rénover un caveau ou de changer leur linceul. Le famadine : ainsi s'appelle une coutume, unique et particulière, pratiquée dans un village niché sur les hauts plateaux de l'île de Madagascar. Une fois tous les 5, 7 ou 9 ans, on réunit ses amis, ses connaissances habitant d'autres villages - jusqu'à 200 personnes et plus - et on les invite, tout d'abord, à un grand banquet composé de viande de zébu, immolé pour la circonstance, et de riz. Ce jour là, on n'admet pas de restes. Tout doit être consommé car on a spécialement préparé ce repas à la gloire des ancêtres. Après le repas qui doit être achevé au plus tard à 15 heures, on termine avec quelques rasades de rhum-gache agrémentées de bonnes bouffées du tabac produit sur l'île : le paraky. Les femmes se parfument et se parent de robes chatoyantes, les couleurs les plus gaies étant réservées aux proches parents des défunts qui vont être honorés. La musique envoûtante, émane de musiciens présents aux premières heures. Les plaisanteries fusent, les enfants jouent. Les gens rient et dansent. Puis tous se lèvent et partent en direction de la colline où se trouve la sépulture. Quand ils atteignent le lieu de la cérémonie, le chef de famille, le président du canton, le sorcier et quelques dignitaires, enveloppés dans leurs toges d'apparat, montent sur le tombeau. La musique cesse alors pour laisser la place aux discours des anciens qui vont faire l'éloge des ancêtres. Ces grands discours appelés kabary en appellent aux souvenirs des morts. On rappelle leurs mérites passés en vantant leur sagesse, en usant de louanges et d'allégories proverbiales ou poétiques. Le cérémonial est scrupuleusement suivi afin d'éviter toute fausse note qui pourrait entraîner une série de malheurs pour l'irrespectueux, les siens et ceux de son village. On a ainsi évité le jeudi, porte-malheur si l'on ouvre un tombeau ce jour-là. Le moment est arrivé. La musique reprend, plus imposante. En creusant, on dégage la porte - dalle de pierre - d'accès au caveau. Puis, quelques hommes descendent dans la crypte. Au bout de quelques instants, ils commencent à remonter, avec grandes précautions, le premier mort enroulé dans une natte, qu'ils tendent ensuite aux personnes chargées d'aller le déposer plus loin, sur l'herbe tendre au milieu des petites fleurs de prairie. Les hommes remontent, les uns après les autres et par ordre d'ancienneté, d'autres morts, qu'on dispose côte à côte. Tous les occupants n'ont pas droit au même traitement. Tout dépend de l'année du décès. Une autre année, le même cérémonial sera réservé à ceux dont le tour sera venu. Délicatement, ils sont extraits de leurs vieilles nattes puis enroulés dans des linceuls de soie tout neufs. On ne se plaint pas, on ne pleure pas; au contraire, on touche, on caresse, on embrasse son parent parti depuis si longtemps. C'est la volonté des ancêtres qui préfère voir les vivants heureux et insouciants. Ceux-ci vont d'ailleurs, dans une joyeuse pagaille, s'arracher des morceaux de l'ancienne natte qui deviendront de véritables talismans garants du bonheur et de la prospérité du possesseur. Enfin, les morts seront retournés tendrement plusieurs fois sur eux-mêmes et on leur fera faire le tour du tombeau sept fois avant des les ramener à leur place respective, dans le caveau, têtes orientées à l'est, pieds à l'ouest. Puis, la sépulture est refermée et après avoir dansé à l'endroit où les morts étaient allongés, tous repartent vers leur village où ils dormiront en respectant la même orientation est-ouest, la tête emplie du souvenir de leurs ancêtres.
Extrait de : Les Sorciers de la pleine lune de Nicole Viloteau. Editions Arthaud.Source : http://www.obseques-liberte.com | |
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