Les corbillards sont multi-fonctions au Cameroun :
Douala : Les corbillards volent au secours 18/10/2006 -
Autrefois craints, ces cars mortuaires sont aujourd’hui enrôlés dans le transport des personnes et des vivres.
L’image est devenue récurrente voire même banale tant personne à Douala ne s’en émeut plus. Tous les soirs, dès 17h, hommes, femmes et enfants se bousculent pour embarquer à bord des corbillards au voisinage du lycée d’Akwa . Signe des temps, ces cars mortuaires autrefois craints des enfants qui multipliaient des signes de croix en grommelant au fond de la gorge, sont très courus. "Tout petit, nous courrions dans la cuisine chercher de la cendre que nous frottions sur le front à la vue de ces véhicules qui pour nous auguraient alors d’un mauvais présage", se souvient Alexis Edimo, du quartier Akwa.
Le transport urbain est donc l’une des activités auxquelles les chauffeurs de corbillard s’adonnent à Douala. "Nos salaires dépendent essentiellement des jours de mise en bière. Et le reste des jours, il faut bien s’occuper", estime un chauffeur des pompes funèbres "Gemat". Le débrayage, la semaine dernière, pendant trois jours, des employés de la Socatur a une fois de plus fait le bonheur des chauffeurs de corbillards qui ont doublé d’ardeur au ramassage des usagers au départ comme au sortir des bureaux, des marchés comme des établissements scolaires.
Pendant la saison des pluies et souvent le dimanche, ces fourgons sillonnent la ville pour assurer le transport urbain. "Car, bus, taxi ou clando, le corbillard est devenu pour nous un autre moyen de transport. Tant pis pour ceux qui ont peur de l’emprunter", lance toute souriante sa voisine à bord dudit corbillard plein à craquer.
Outre le fait de s’ériger en moyen de transport urbain, les corbillards font le siège de la petite artère qui traverse la morgue de l’Hôpital Laquintinie à Douala. On les trouve alignés ici par dizaines du lundi au dimanche à la recherche de la clientèle qu’ils aguichent sans vergogne les familles éplorées.
"les affaires ne tournent pas bien. Les gens ne meurent pas assez. En marge des mises en bière, nous sommes souvent sollicités pour d’autres petites activités lucratives", lâche-t-il au volant d’un corbillard. Arrivés sur les lieux aux premières heures de la journée, les chauffeurs de corbillards en repartent en début de soirée pour entamer le ramassage des passagers.
La reconversion dans ce secteur est tellement facile que les corbillards ne se content plus seulement des activités évoquées plus haut. Il y a deux semaines par exemple, de retour de la province de l’Ouest où il est allé déposé un corps, l’un de ces cars a transporté une cargaison de tomates.
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