Les professionnels des pompes funèbres sont, selon eux, des mal aimés en Irlande; en dehors des relations purement professionnelles, certains Irlandais se refusent à les fréquenter. Ils aspirent à ne plus être considérés comme des "croque-morts", mais comme des spécialistes d'un service indispensable, des "professionnals".
Les "Directeurs de Funérailles" sont, comme en Angleterre, à l'origine de la profession, mais l'exercice de celle-ci est restée, en Irlande, beaucoup plus délicat. Comme les mariages et les communions, l'enterrement y est, en effet, un événement social important, très suivi et qui obéit à des traditions, à un protocole que doit respecter, scrupuleusement, le maître de cérémonie, reconnaissable dans toute l'Irlande à son chapeau melon, indispensable insigne de sa profession.
Sa situation se complique d'une querelle des anciens et des modernes. Les premiers tiennent à ce que se perpétuent les traditions : veillée du mort dans sa maison, transport du corps la veille au soir à l'église, corbillard et même, dans les campagnes, portage à bras par les parents et amis. Les seconds sont partisans de la veillée dans un "funeral home". De toute façon, l'Irlande garde un système presque unique et très coûteux d'enterrement en deux étapes, de la levée du corps à l'église, puis, de l'église au cimetière, en deux temps bien distincts.
Le directeur de funérailles doit être équipé pour assurer les services funèbres selon le goût des uns et des autres et consacrer toute son attention à ne pas commettre d'impairs dans le déroulement de la cérémonie.
Moyennant quoi, depuis le début de la crise économique, on discute systématiquement ses devis et on lui laisse, à l'occasion, quelques factures impayées. Il est plutôt satisfait quand 50 % de ses clients l'ont payé dans le mois qui suit l'enterrement.
Dans le détail, les produits et services sont les suivants : Annonces dans les journaux (il est de bon ton d'en passer dans cinq publications, deux jours de suite).
Utilisation de la maison funéraire
Fleurs
La tombe, ouverture et fermeture, suivant les lieux
Cercueil
Location du corbillard.
Offrande à l'église et gratifications diverses.
Pierres tombales.
On peut ajouter l'embaumement total qui demande six heures de travail (par opposition à la conservation temporaire dont le coût est inclus dans les honoraires de l'entreprise funéraire) et même la location d'une jaquette ou d'un habit, car certains enterrements requièrent de telles tenues.
Reste le cas des incinérations, il y en a très peu en Irlande, profondément catholique : à peine 5 0/o des services funéraires. L'incinération proprement dite se fait, en général, dans un local séparé et éloigné de la maison funéraire, afin de ménager la sensibilité des proches réunis pour la cérémonie.
L'urne peut être scellée dans un mur garni de niches ad hoc, semblable à un vaste pigeonnier, d'où son nom de columbarium couramment utilisé en Irlande ; L'urne peut aussi être enterrée dans le jardin du souvenir, juste sous un plot de pierre où sont inscrits le nom du défunt et la date de sa mort, sans aucun autre texte et sans fleurs.
Une particularité des Irlandais est de s'inquiéter aussi de ceux qui restent. Des études statistiques leur ont fait apparaître que ceux qui perdent un être très cher : un enfant, un époux, par exemple, connaissent une dépression, parfois grave, allant jusqu'à la tentation du suicide, non pas immédiatement après le décès, mais environ six mois plus tard. Alors, certains ont pensé, pendant ces six mois, à préparer les individus en deuil à affronter le choc psychologique qui va les assaillir.
C'est l'objectif du "Groupe pour supporter la privation", créé par le service social de l'hôpital Beaumont. Il s'agit, en quelque sorte, d'une formation psychologique au chagrin. La règle d'or est de parler de cela même qui cause votre chagrin, à tous ceux qui veulent bien vous prêter une oreille, ne pas se refermer sur sa propre détresse.
S'il n'est pas coutume, dans leur pays, de payer soi-même ses propres obsèques à l'avance, les Irlandais prennent volontiers des assurances-vie au bénéfice des héritiers qui auront à en assurer les frais.
Enfin, des campagnes d'information juridique les incitent à prendre des dispositions testamentaires, afin d'éviter à ceux qui restent d'avoir à affronter de délicats problèmes de partage. Il est recommandé d'écrire clairement, à l'avance, comment on entend transmettre sa fortune.