Historique
Jadis, dans les pays germaniques, la coutume voulait que le mort fut gardé dans sa maison, pendant une longue veillée funèbre de trois jours. Les parents, les amis assuraient une garde permanente près du corps, afin de saisir le moindre signe de survie qu'aurait pu manifester le "de cujus"; le risque d'une mort apparente et d'enterrer un être encore vivant était, en effet, une crainte populaire généralement répandue.
Comme cette veillée était lourde à assurer, surtout quand le défunt laissait peu de proches derrière lui, on faisait appel à des femmes, étrangères à la famille, que l'on payait pour prendre certains relais. Elles jouaient leur rôle avec conscience et prenaient des mines de circonstance, allant jusqu'à exprimer le plus grand chagrin : telle est l'origine des "pleureuses", renouvelant sans le savoir, vraisemblablement, une coutume méditerranéenne remontant à l'antiquité.
Ce délai de trois jours était également mis à profit pour faire prévenir par des "messagers", du décès et du jour de l'inhumation, toutes les personnes que la famille estimait devoir informer. De ces messagers qui répandaient la nouvelle, les Allemands ont d'ailleurs conservé l'habitude d'utiliser l'annonce importante dans la presse, plutôt que la lettre faire-part, pour informer d'un décès.
Longtemps, les cimetières ont dépendu des communautés religieuses et s'étendaient, pour cette raison, tout autour des églises. Le défunt dans son cercueil y était porté en terre, à bras d'hommes, par les parents, amis ou voisins; seuls les notables avaient droit au corbillard tiré par un ou plusieurs chevaux, suivant l'importance de la personnalité disparue.
Deux évolutions vont mettre fin à cette organisation des services funèbres : l'urbanisation de la population qui va nécessiter la création de cimetières à la périphérie des villes, et l'abandon des rites religieux par une partie de cette population. Ces circonstances ont entraîné le passage, des autorités religieuses aux communes, des charges funéraires.
Aujourd'hui
Les cimetières religieux n'existent plus que dans les toutes petites communes; ailleurs, ils ont été généralement transformés en parkings pour les fidèles qui se rendent aux offices.
Partout, les cimetières sont communaux. Il existe aussi un certain nombre de "cimetières d'honneur", étrange inégalité dans la mort. Quelques grandes familles nobles gardent encore des sépultures familiales privées dans leurs propriétés.
Chaque Land de la République Fédérale a sa propre réglementation des cimetières, mais chaque réglementation s'inspirant de celle des Laender voisins, de proche en proche, un statut type a fini par se créer, servant de base à tous les autres.
Les principaux points communs à ces règlements sont :
l'interdiction d'ériger des monuments mortuaires et des caveaux;
dans de très nombreux cimetières, la dalle mortuaire ne doit recouvrir que la moitié de la tombe, l'autre moitié étant obligatoirement aménagée et entretenue en plantations;
en cas de crémation, les cendres ne sont jamais remises à la famille, mais doivent être inhumées, ou scellées dans un mur élevé dans le cimetière à cet effet, ou, dans certaines grandes villes, répandues anonymement sur une pelouse ad hoc.
Les Pompes Funèbres
A l'origine des établissements de pompes funèbres, on trouve les menuisiers qui, fabriquant déjà les cercueils, se chargèrent peu à peu de tous les autres services. Mais ce processus de création d'entreprises de pompes funèbres se rencontra surtout au nord, à l'est et au centre de l'Allemagne; au sud, ce sont plutôt des services communaux affectés en partie à cette tâche, qui se spécialisèrent en service autonome.
Ce n'est qu'après la dernière guerre que des sociétés de pompes funèbres privées apparurent en Allemagne du sud; elles connurent des débuts difficiles, rencontrant une violente opposition des services municipaux concurrents, qu'appuyaient les tribunaux, chaque fois qu'un litige était porté devant eux.
Il faut dire que la profession n'étant pas réglementée, n'importe qui, sans diplôme spécial, pouvait ouvrir un office de pompes funèbres, ce qui donna lieu à une prolifération sauvage. Des abus furent commis. Une organisation de la profession était devenue indispensable.
Les professionnels du Land de Rhénanie et Nord Westphalie donnèrent l'exemple, en se groupant au sein d'une association. Bientôt, onze associations régionales se créèrent à son modèle. Toutes ces associations s'unirent à leur tour en une Fédération Allemande des Entreprises de Pompes Funèbres, à l'échelon fédéral. La Fédération fit accepter par ses membres le principe d'un examen volontaire auquel les responsables d'entreprises doivent se soumettre pour avoir droit au label professionnel, accordé par la Fédération et protégé par la loi. C'était déjà, pour les familles, une sérieuse garantie.
Malheureusement, les chefs d'entreprises furent loin de se plier tous à l'examen volontaire, mais non obligatoire.
Aussi, en Bavière et au Bad-Wùrtemberg, a-t-on créé, dans le cadre du Code fédéral de l'Artisanat, un examen de perfectionnement qui donne droit au titre d'entrepreneur de pompes funèbres diplômé. D'autres Lander s'apprêtent à adopter le même examen.
Mais l'accès à la profession reste libre.
Chaque entreprise fixe aussi librement ses prix, mais le coût exorbitant de la taxe des cimetières qui représente 50 % et parfois plus du coût de l'enterrement, limite les hausses excessives.
Les cérémonies funéraires sont traitées par des entreprises de pompes funèbres spécialisées, auxquelles il faut ajouter d'autres entreprises qui se chargent de ces services, mais qui sont par ailleurs des menuiseries, des marbreries, des entreprises d'ambulances. Quelques entreprises municipales subsistent encore dans le sud.
La pratique des crémations gagne du terrain, surtout dans le nord, protestant, moins dans le sud, catholique, surtout en ville, moins à la campagne.
Pour illustrer, j'ai eu le choix entre les cimetières juifs, israélites, teutons ...